Quand on voit Isidore ronflant sur son rebord de fenêtre, nul doute que ce gros père de 9 ans est heureux. Il est physiquement juste comme il faut, il est serein, il a des papouilles autant qu’il en veut, il mène une vie de chat classique à une exception près, il ne sort pas. Vie en appartement, proximité immédiate d’un axe routier… différentes raisons peuvent conduire à garder un chat à l’intérieur. Quelles conséquences par rapport à sa nature ? Y a t’il des points particuliers à surveiller ? Comment lui éviter l’ennui ? Le mode d’emploi est par ici !
Garder un chat à l’intérieur : quels effets sur son comportement ?
L’invention de la litière vers les années 1950 a sonné l’avènement du chat d’intérieur et, même si ce mode de vie n’est pas le plus répandu, il est aujourd’hui très courant, particulièrement en ville. De façon assez logique, un matou qui évoluera uniquement en univers clos sera plus protégé que le vagabond du quartier. Il évitera ainsi les risques de transmission de maladies, les bagarres, les accidents fortuits. Rassurante pour son propriétaire, cette sur-sécurité a toutefois quelques versants un peu plus sombres chez son compagnon à quatre pattes.
- La peur du changement : le chat au naturel est déjà un animal routinier. Il a son territoire, ses habitudes, ses meilleurs ennemis, son terrain de chasse, ses humains pour le servir et tout ça lui va très bien comme ça. Quand ça doit changer, il faut y aller avec des pincettes mais, bien accompagnée, la nouvelle situation peut être acceptée rapidement. En effet, dans son périmètre étendu, Ringo est régulièrement confronté à de petites nouveautés. Il a donc appris à gérer.
Pour Rosie qui vit dans un territoire restreint, imprégné à 120% de son odeur, toute nouvelle intrusion sera perçue comme une offense. Dépourvue de « zone neutre » pour faciliter l’interaction, Rosie est tout de suite « agressée » sur son territoire, situation à haut potentiel d’angoisse. - L’obésité : faire vingt tours du salon à toute berzingue, arrière-train fuyant, une fois par semaine n’équivaut pas à une grande balade quotidienne ou une session de grimpette dans le cerisier avec guettage de piaf. Carlos sera ainsi plus facilement menacé de surpoids que son pote Stitch, le fugueur du rez-de-chaussée.
- L’ennui : moins enclins à utiliser leurs instincts naturels, certains chats d’intérieur compensent le manque d’activité par de l’anxiété. D’autres, moins craintifs à la base, vont trouver des parades et combler leur curiosité en allant explorer des trous de souris, pourvoir à leur envie de chasser en attaquant toutes griffes dehors les motifs de la tapisserie et subvenir à leur besoin de verdure en grattant la terre des plantes vertes. Ça fait faire des « Ahhhhh » et des « Ohhhhh » mais au moins Bobby a la pêche et c’est bien là l’essentiel non ?
Comment rendre son chat d’intérieur heureux ?
Mais non mais non, pas de panique, vous n’êtes pas une affreuse personne qui va faire de son chat un mutant obèse et neurasthénique sous le seul prétexte que vous vivez en appartement. Au contraire, vous allez redoubler d’attention pour en faire le plus heureux des chats et, voilà comment :
- L’option duo quand il y a de la place pour un, il y en a pour deux c’est bien connu ! Si au moment où vous vous décidez à prendre un chat vous êtes dans une configuration qui ne lui permettra pas de sortir, adoptez-en deux. Ils joueront entre eux, auront naturellement un territoire partagé et donc seront moins sujets aux angoisses. En plus ils feront des nœuds en mélangeant leurs pattes pour la sieste et ce sera trop mignon. Alors oui, ça veut aussi dire deux fois plus de bêtises mais bon, un peu de chantage affectif quant à leur bien-être devrait suffire à rayer cette dernière remarque.
Une seule contre-indication à cette option, si Raclette est le seul chat de la maison depuis longtemps, mieux vaut éviter de lui en mettre un autre dans les pattes. La bonne intention pourrait alors se transformer en véritable calvaire pour tout le monde. - Soyez open : une maison qui vit avec des va-et-vient, des amis, de la famille, du yorkshire obèse et incontinent de Tata Bluette, un peu de désordre… montrera à votre chat que son territoire est certes à lui, mais pas que. Ainsi habitué, il pourra sera un peu moins réticent aux changements.
- Pensez diététique : sans le peser tous les jours, posez de temps en temps sur Nestor un regard démis de vos yeux de l’amour et si besoin, changez son régime alimentaire.
- Faites Bip-Bip : et oui, pour renouer avec les instincts de Lulu, c’est à vous de jouer les G.O. et animer les interludes de ses nombreuses siestes. Vous pouvez déjà aménager quelques espaces en mode parc aventure : arbre à chat, carton laissé négligemment dans un recoin, petit sac papier qui traine… Oulala ça sent le fun. Et ensuite, parce qu’il faudra aussi certainement stimuler un peu le jeu, à vous de vous y mettre avec des cannes à pêche, un bout de laine, une boule d’alu, tout ce que vous voulez à l’exception des pieds et des mains parce que 1. ça fait mal et 2. qu’avant de virer Fifou du lit en pleine nuit parce qu’il vient de nous attaquer, on a rarement le recul de se dire qu’on l’a bien cherché.
- Invitez l’air de l’extérieur chez vous : si vous avez la possibilité, posez des filets ou des moustiquaires sur certaines fenêtres que vous pourrez laisser ouvertes. Pour son plus grand bonheur, Basile sentira alors les odeurs et la fraîcheur du dehors.
- Soyez pratiques : cette dernière partie concerne presque plus votre bien-être à vous que celui de votre chat. Lui, il est déjà à fond, comblé, il court, il vole, il mange équilibré et il dort paisiblement, tout ça qu’on soit 2 ou 12 dans l’appartement et c’est très bien. Mais vous, vous qui avez soufflé en ramassant la terre renversée des pots de fleur, eut un pincement au cœur en voyant les traces de griffes sur votre parquet vitrifié et pleuré en recollant le vase de Chine, oui vous, il faut vous ménager aussi. Rangez pour quelques temps tout ce qui est fragile, essayez le griffoir pour épargner vos meubles, voire le protège-griffes. Tout va bien se passer.
Évidemment, il sera toujours moins traumatisant pour un chat d’avoir accès à un extérieur après avoir passé du temps confiné en intérieur plutôt que l’inverse. Dans ce deuxième cas, votre vétérinaire pourra vous conseiller pour une meilleure adaptation de votre chat à cette nouvelle vie.