Ah sacrée Grisette ! Dès qu’un pull apparait dans son radar, elle ne peut pas s’empêcher de coller son nez dedans et de le tétouiller jusqu’à plus soif. Jusque-là, c’est mignon, tout va bien. En revanche quand elle commence à mâchonner puis à avaler les petits bouts de laine qui s’échappent des mailles, là on sort de l’ordre du rigolo pour arriver à l’obsessionnel. Ce comportement compulsif est d’ailleurs tellement à prendre au sérieux qu’il a un nom : le Pica du chat.
De quoi s’agit-il vraiment ? Quels en sont les risques ? Quoi faire ? On vous explique !
Pica du chat : définition
Le Pica désigne le fait, pour un chat, d’ingérer des matières non-comestibles et non-nutritives comme du tissu, du papier ou du plastique. Le « non-aliment » le plus courant est la laine. Il y a un tel engouement pour ce matériau qu’il existe même un syndrome du chat suceur de laine qui peut évoluer en Pica lorsqu’ensuite il y a ingestion.
La question des plantes vertes reste elle non tranchée. En effet, en tant que substance sans apport nutritionnel, le fait de mastiquer des plantes peut être assimilé au Pica. Pour autant cela peut aussi permettre de soulager des douleurs gastriques, le chat se servant de la plante pour provoquer le vomissement.
Origine du nom
Plutôt fun à l’oreille, deux explications sont avancées quant à ce nom de Pica.
Dans la première, ce serait une référence à un acronyme. Alors, on lance les idées ? Pourquoi Ingérer ÇA ? Problème Alimentaire du Chat Avaleur ?… Vous donnez votre langue à Pattenrond ?
Pica est l’acronyme anglais de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure, qui est placée derrière le cervelet.
Si aujourd’hui encore on ne sait pas exactement déterminer les motivations du chat à adopter un pareil comportement, une des théories avance que le fait de mâcher libère des hormones au niveau de cette fameuse artère, lesquelles procureraient alors un extraordinaire sentiment de plaisir. Il n’y a qu’à voir leur tête en pleine séance de mâchouille pour comprendre…
Pour la deuxième, qui est celle que l’on retrouve pour la version « humaine » de ce trouble, le nom viendrait du mot latin qui désigne la pie. En effet, l’oiseau voleur est aussi réputé pour ingurgiter toutes sortes de choses pas franchement destinées à l’alimentation.
Tous les chats peuvent-ils être atteints de Pica ?
Le développement du Pica est généralement observé chez des chats d’intérieur, plutôt éloignés de leur mode de vie et occupations naturelles, et chez les individus anxieux.
Si l’atteinte peut toucher tous les types de chats, force est de constater qu’elle est plus répandue chez ceux d’origine orientale. Ainsi les Siamois, les Burmeses ou les Tonkinois sont plus facilement sujets au Pica, ce qui amène à penser que ce comportement pourrait avoir une origine génétique.
De fait, dans le cas d’un chat acquis dans un élevage, il est recommandé de prévenir le naisseur si un pareil trouble est avéré chez un de ses produits.
Attention toutefois à ne pas s’emballer ! Au moment où un chaton arrive dans son nouveau foyer, il est assez courant qu’il tête son panier ou certains tissus à côté desquels il se couche. Il peut même chercher à boulotter sa litière – d’où l’intérêt d’en choisir une sans trop de produits chimiques. Pas d’inquiétude, cela correspond souvent à une transition et l’habitude se perdra avec le temps. Si ça dure après quelques mois, là oui, il faut être vigilant !
Pica : quels risques pour mon chat ?
Le cœur du problème vient du fait que les matériaux ingérés ne sont pas comestibles, donc l’appareil digestif n’est pas apte à les traiter.
Ainsi le risque majeur est l’occlusion intestinale. Il faudra alors passer par la case chirurgie pour extraire le corps étranger avalé. Dans les cas les plus complexes, il sera nécessaire de retirer une partie des intestins mais, quoi qu’impressionnantes, ce sont des interventions dont les chats se remettent généralement très bien !
Pour prévenir pareil recours, mieux vaut être à l’affut des signes avant-coureurs de tout blocage comme :
- les vomissements incoercibles
- les diarrhées
- la constipation (le chat va à sa litière mais n’arrive pas à déféquer)
- les changements d’attitude soudains (isolement, apathie).
Que faire face à ce trouble du comportement alimentaire ?
Plusieurs astuces permettent de réduire, voire de stopper, ce « tic ».
La prévention
Quand on est sur un cas léger de Pica, cacher les objets « chouchous » à mâcher peut se révéler, certes plutôt simpliste, mais aussi très efficace.
Pour les amateurs de verdure, il est important de surtout retirer toutes les plantes toxiques à proximité.
La stimulation
Comme on l’a dit plus haut, le gros Raoul qui enchaine les journées canapé-gamelle et a fait de la sédentarité son deuxième prénom est plus enclin à développer ce type de syndrome. Il est donc essentiel de réveiller ses instincts primitifs enfouis pour le détourner de ses troubles.
L’idéal est évidemment de lui procurer un accès à l’extérieur mais, sans cette possibilité, ce sera à vous d’assurer l’animation ! Prenez le temps de faire de grande partie de jeu avec votre chat, les cannes à pêches dont les éléments peuvent s’attraper et se mâchouiller sont particulièrement adaptées à ce contexte.
Le changement alimentaire
Opter pour une nouvelle alimentation peut aussi aider à limiter le trouble. Attention, ça ne se décide pas tout seul, vous savez comment Rosalie est attachée au contenu de sa gamelle… Consultez donc votre vétérinaire qui saura vous orienter vers une alimentation plus adaptée et/ou vous conseiller certains aliments de type bâtons ramollis, mâchonnables à loisir et sans danger.
Si malgré tout le Pica persiste, il deviendra nécessaire de recourir à une consultation comportementale. Connaitre son histoire puis analyser et comprendre l’environnement dans lequel évolue le chat est un facteur clé pour tenter de venir à bout de tout trouble fortement installé.
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