Cléopâtre vous réveille pour vous signifier qu’elle vous aime parce que oui c’était important, même à 2h47, que vous le sachiez. Velcro slalome dans vos jambes quand vous marchez, et !!$$***§ vous manquez de vous étaler pour la 4e fois en une simple traversée de couloir. Après 7 manœuvres de repoussement infructueuses, SuperGlue est bien là, couchée sur vos avant-bras, entre le clavier de l’ordinateur et vous, à vous tancer de son regard-qui-tue si vous bougez trop les mains pour écrire. Évidemment c’est sympa d’avoir un chat aussi câlin parce que c’est ça qu’on aime quand même mais, avec un peu de recul, ne serait-il pas question ici d’hyper-attachement ?
Difficile de faire la distinction et pourtant, dans le cas de ce qui s’apparente chez nous à de la dépendance affective, le chat est en proie à un véritable mal-être. Origines, marqueurs et moyens d’y remédier, partons sur les traces de ce syndrome.
Le sevrage, clé de voûte de l’attachement
Processus naturel
Quand Scotchmi était petit, sa maman s’est entièrement dévouée à subvenir à ses besoins. Elle l’a nourri, câliné, lavé, rassuré. Elle lui a appris à être propre, elle l’a regardé jouer avec tendresse, elle a écarté les dangers, bref elle a tout assuré. Et Scotchmi, il a trouvé ça bien, mais tellement bien, que c’est pour lui le meilleur moment de sa vie forcément ! Sauf que Maman chat, elle est maman oui mais elle est surtout chat – et c’est un point fondamental ici – donc dotée des caractéristiques naturelles de ce prédateur indépendant. Et pour que son petit puisse à son tour devenir un vrai chat, quand elle estime que sa part de boulot est faite et que sa marmaille est prête pour affronter le grand monde, elle se met gentiment mais surement à rejeter les chatons.
Le chaton sevré
Normalement, c’est une fois arrivé à la fin du cycle de cocooning maternel que nous, humains, pouvons accueillir la petite boule de poils. Et il est tellement mignon, il a l’air tellement déboussolé, qu’on va y aller de nos caresses et papouilles, qu’on va veiller à le protéger de tous les dangers de notre environnement, qu’on va lui donner à manger tout le temps, des choses différentes pour s’assurer qu’il aime, qu’il ne manque de rien. Oh mais tiens, on dirait qu’on fait ce que Maman chat faisait avant non ? Sauf que Maman chat avait dit stop et que là, on replonge le chaton dans son état de réconfort inconditionnel. C’est si on ne fait pas attention à maintenir la distance instaurée à la fin du sevrage, que l’on devient alors pour le chaton comme un parent de substitution et là, c’est le début de la fin !
Le chaton non sevré
Cette situation est encore plus déroutante puisque le chaton n’a pas eu l’accompagnement de sa môman dans ses premières semaines. Il aura l’air encore plus petit, encore plus vulnérable, et on aura encore plus envie de le couver. Pour peu qu’il ait fallu le nourrir au biberon, le contexte favorable à un attachement excessif est vite posé.
Caractère câlin ou hyper-attachement : comment faire la différence ?
Le chat en proie à ce trouble de l’autonomie va pouvoir l’exprimer de différentes façons. Parmi les plus courantes :
- Un besoin continu de contact visuel – il miaule pour attirer votre attention – ou physique – dans le sillage de votre ombre se trouve toujours Patafix.
- L’habitude de vous réveiller la nuit pour combler ses besoins (faim, câlins…).
Il peut arriver qu’un chat normalement câlin bascule vers l’hyper-attachement suite à une situation traumatisante (déménagement, changement de ses serviteurs humains…). Le signe caractéristique du syndrome se trouvera alors surtout dans les manifestations d’anxiété qu’il va alors développer en votre absence. Généralement ce dernier va chercher à se tranquilliser en se léchant abondamment les flancs ou le ventre, ce sont donc les larges bandes de poils dégarnies qui devront vous mettre la puce à l’oreille.
Le piège de l’hyper-attachement
On l’aura bien compris, souvent à l’origine, il s’agit juste d’une implacable envie de bien faire or, les conséquences pour vous comme pour le chat peuvent vite s’avérer désastreuses.
Sachant votre chat particulièrement sensible à vos absences, vous culpabilisez de le laisser de peur qu’il ne s’ennuie ou broie du noir. Déjà que pour une journée de boulot il a du mal alors imaginez un week-end ou des vacances, même pas la peine d’y penser, donc c’est gentil mais je préfère rester à la maison… Voilà voilà, ça peut paraitre caricatural mais pas tant que ça. Le cercle vicieux est vite installé et mieux vaut s’en prévenir ou, si le cap est déjà passé, réagir vite avant de se retrouver à devoir choisir entre une vie normale et libre ou l’emprisonnement mental avec Michael Scofield – quoi que vu sous cet angle… ;).
Comment atténuer l’hyper-attachement du chat ?
C’est évidemment plus que tentant, mais ne vous laissez pas aller à noyer votre chaton sous les caresses et les attentions. L’autonomie est vraiment capitale pour son équilibre. Idem, si vous avez dû le nourrir au biberon, cessez dès que possible pour qu’il apprenne à se débrouiller de lui-même. Et surtout ne vous dites pas que vous l’abandonnez en faisant ça, au contraire vous lui rendez service !
Si le trouble est déjà acté, c’est forcément un peu plus compliqué. Vous allez devoir changer de posture et mettre des barrières fermes même si Podekol semble en proie à l’incompréhension.
Parmi les choses à faire :
- S’opposer clairement par des « non » à ses sollicitations.
- Substituer les séances de papouilles par des jeux « en autonomie ». Là évidemment il faut doser, ne pas tout tout tout supprimer, mais le ratio doit devenir plus équilibré.
- Proposer nourriture, boisson, jeux en libre accès pour que le chat puisse y avoir recours sans avoir à passer par une attention de votre part.
Évidemment, pour la transition, parlez-en à votre vétérinaire qui vous accompagnera avec des solutions sur-mesure adaptées à votre situation particulière. Selon le degré d’attachement ressenti chez votre chat, il pourra également prescrire un traitement anxiolytique de nature à favoriser l’installation, en douceur, de nouvelles habitudes.